Minuit, l'heure du crime. Mon heure.
Je m’étire, dresse l'oreille. Aucun bruit suspect de l'autre côté du mur, parfait ! Sur la pointe des mes patounes, je me faufile hors de mon Nid, traverse la salle d'Art, déserte, glisse sous la porte et fonce vers le réfectoire. Ces maudits humains ont beau être dangereux et bruyants, ils ont quand même l’avantage d'apporter avec eux beaucoup de nourriture, dont ma préférée : La crème fraiche, qui est l'objectif de l'opération de ce soir.
Dans le couloir, je m’arrête, me dresse sur mes pattes arrières, écoute encore. Dans la famille, nous avons pour consigne de nous faire oublier : Pas questions de laisser les humains s'apercevoir de notre présence, au moindre doute il faut déguerpir ! Mais là encore, rien d'alarmant.
Confiante, je trottine jusqu'à arrière cuisine, y pénètre sans trop de soucis, avantagée par ma souplesse. Ca y est, me voilà dans la grotte aux trésors ! Ca sent la nourriture partout, il y en a pour tous les gouts ! La gourmande que je suis est tentée de croquer partout et de s'en mettre plein la bouche, mais se ressaisi et se rappelle son objectif. Mon pêché mignon est enfermé dans le coffre fort qu'ils appellent "frigo". Impossible à ouvrir pour une souris tant la porte en est lourde, il va falloir ruser. Pour ma part j'ai prévu deux plans, le premier consistant à attacher une ficelle autour de la poignée, qui je relierai probablement à quelque chose un gros chou bien rond qu'il sera facile de faire rouler. Ce genre de stratagème a, parait-il, marché pour un de mes camarade qui souhaitait ouvrir le four. Mais peut-être que ce beau parleur à tout simplement menti ?
Trêve de réflexion : Penser c'est bien, mais agir c'est mieux !
Grace à mes précédentes missions de repérage, je sais où les bipèdes rangent la ficelle. Après m'être hissée dans le placard approprié en prenant appuie sur la cafetière, je commence à en ronger quelques bouts de différentes longueurs, qui devront me servir à mettre mon plan à exécution.
Tout un coup un bruit qui n'a rien à faire là me fait dresser les oreilles. Attentive, je ne peine pas à identifier le type de bruit : Des pas. Des pas trop lourds pour être ceux d'une souris, ou même d'un chien, encore moins d'un chat. Pas de doutes ! Ce sont des pas d'humain. Vite je m'empare des bouts rongés, replace à la va-vite la ficelle où elle devait se trouver et me cache derrière les bocaux de confiture. Le coeur battant, j'attends que le danger s'éloigne pour reprendre ma mission.